Depuis toujours, dans la famille Ours de Fadélie on a 54 taches, de père en fils et de mère en fille, pas une de plus, pas une de moins. Mais voilà, à sa naissance, le petit Bélem n’a que 53 taches. On lui donne néanmoins le même nom que son grand-père.
Bélem grandit. L’amour de ses parents aussi.
Handicap mental
Il ne fréquente l’école que le matin, fait ce qu’il peut à son rythme et à sa manière. Et bien que tout ne soit pas toujours facile, Bélem se construit son monde merveilleux.
Céline Sorin aborde de face le thème du handicap, fait de cette différence une force, une singularité qui mérite toute l’attention, ce petit plus qui rend un être unique pour les autres. Elle relève délibérément la faiblesse, la défaillance, afin de révéler l’individualité,
insérant ça et là de malicieux petits clins d’œil philosophiques dans un texte sobre qui encourage l’émotion, soutenu par des illustrations aux tracés légers et aux nuances douces. Celles-ci agissent comme d’aériennes empreintes métaphoriques, habitées par une exubérance joyeuse et répétitive.
Une fois encore sa collaboration avec Célia Chaufrey lui permet d’aborder les notions de tolérance, de différence, d’enfances particulières.
On observe de belles capacités d’adaptation chez leurs interlocuteurs, perméables au changement, à la remise en question, ils évoluent sans s’effrayer.
Beaucoup d’amour maternel et paternel, beaucoup d’attention, et ce lien particulier à cet être différent, à sa façon si spontanée de répondre au monde, en symbiose avec l’extérieur.
La tache manquante de Bélem qui virevolte au vent nous interpelle en esquissant de symboliques variations et rappelle les magnifiques empreintes fossiles qui s’échouent sur les plages du pacifique, évoquant le voyage et l’océan comme le prénom Bélem, d’ailleurs…